UNE TOUCHE DE POÉSIE…
Avec Drey, on n’est pas dans la carte postale, la photo de souvenir, ou l’image lumineuse des vacances. Ici, pas de commerce facile ou d’exotisme à bon marché.
Le visiteur comprend tout de suite que son monde en noir et blanc, d’où jaillit parfois un poisson squelettique ravagé par les colorations vénéneuses d’un société nucléarisée, est un univers original.
A. Vidal oriente son objectif vers le passé, vers un patrimoine abandonné, vers des objets usés, meurtris, désormais méprisés, au rebut et même pas utilisables pour un vide-grenier… Chaque photo a une histoire et témoigne de l’Histoire des hommes. Chacune invite au dialogue ou à l’écriture d’une fiction. En effet, chaque image d’Audrey Vidal est un roman…
Ces photographies font l’éloge d’une vieille tour en bois, d’un avion qui s’est écrasé dans une forêt, d’un bâtiment rongé par les mauvaises herbes… Autant de tragédies, de catastrophes : il s’agit de sauver ce passé, de le voir, le comprendre et la rédemption est possible grâce à la mémoire, au travail de prise de conscience opéré par cette artiste fort douée.
Et puis, je tombe que la représentation de la gare de Cerbère, lieu de plus en plus désertée car les transports rapides du progrès technologique se font par Le Perthus : la gare a perdu son activité bruyante et luxueuse du début du siècle passé, comme le navire du Rayon Vert proche et si proche de la mer… Belvédère qui sort peu à peu de son état de ruine et d’abandon.
Et grâce à la vision d’Audrey Vidal, qui sauve de façon virtuelle et artistique le patrimoine culturel et architectural – tel l’hôtel Alexandra de Vernet-les-bains,
« Le présent est inauthentique, il faut le déconstruire; il s’agit de dés-enfouir les possibilités qui gisent dans le passé, en souffrance dans le présent. Françoise Proust.
ce qui a été) entre en constellation en un éclair avec le maintenant. L’image est une dialectique à l’arrête : elle est bien en mouvement, mais à l’arrêt, pétrifiée, « agitation figée ».
Il s’agit d’établir une relation entre le présent et le passé et donc d’articuler un nouveau présent? » Jean-Pierre Bonnel
urbex-66-exploration-urbaine-Drey
Les endroits à forte atmosphère m’attirent, les lieux abandonnés par l’homme mais où son empreinte reste comme prise dans le ciment des murs encore debout. J’aime imaginer ce qu’il s’y est passé ou m’inventer des histoires fantasmagoriques. Avec mon appareil photo, j’essaye de rendre à ces places endormies un peu de leur lustre passé.
A ces fenêtres cassées, à ces murs démolis par le temps ou par le passage de quelques rôdeurs, redonner le temps d’un regard une image poétique d’un lieu tombé dans l’oubli.
Je deviens magicienne, je métamorphose ces murs décatis en toile vierge où la « re-création » est possible.
La nature reprend ses droits, grignote les parois de béton et doucement fais disparaître ce que l’homme a laissé en pâture aux ouvrages du temps.
Au travers de mon objectif, je vous amène vers un voyage onirique où la réalité se transforme en poésie pour rendre à ces endroits oubliés un peu de leur beauté évaporée.